Avez-vous déjà goûté l’anguille du Japon, que l’on sert en principe sous forme de sushis ?  Très appréciée dans la gastronomie fine japonaise, et utilisée parfois comme remède en médecine traditionnelle chinoise,  l’anguille du Japon (appelée Anguilla japonica) peut également être très intéressante pour les biologistesEn effet, des chercheurs ont récemment découvert que les muscles de cet animal produisent une protéine fluorescente, appelée UnaG (ou unaghi, pour les connaisseurs de sushis), représentant la première découverte d’une telle molécule dans un vertébré.

Les protéines fluorescentes sont des outils standard de bioimagerie utilisés par les biologistes cellulaires et biochimistesCes molécules ne produisent pas de lumière, mais, lorsqu’elles sont illuminées par une source externe, elles peuvent brillerC’est d’ailleurs en 2008 que le prix Nobel de Chimie a été décerné à trois chercheurs américains et japonais pour la découverte de la première molécule fluorescente (que l’on appelle green fluorescent protein) chez la méduse, certains microbes et dans le corail, ainsi que pour le développement des protéines fluorescentes qui permettent d’obtenir plusieurs phénomènes intéressants en biologieEn effet, ces micro-phares servant à localiser et identifier les compartiments différents de la cellule, peuvent également être utilisées comme molécules « espions » pour reconnaître d’autre protéines et suivre l’expression des gènes dans un système cellulaire donné Elles peuvent également être exprimées de manière homogène dans l’organisme d’une souris mutante : lorsqu’on illumine la protéine fluorescente, l’animal brille dans le noir !  Depuis leur découverte, une panoplie de molécules fluorescentes a été développée, et les chercheurs ont également pu montrer leur côté artistique en créant un arc-en ciel de couleur pour ces protéines qui, désormais sont utilisées  quotidiennement en laboratoire.

Apres la toute récente trouvaille de la molécule fluorescente UnaG dans l’organisme de l’anguille Japonaise, les chercheurs ont déjà pu mettre en évidence  ses propriétés fondamentales : la molécule brille dès qu’elle s’attache à un dérivé de l’hémoglobine, la bilirubine, dont la quantité dans le sang est quantifiée pour tester une éventuelle maladie du foie ou la jaunisseIl semble également que la molécule fluorescente brille de manière intense lorsqu’elle est dans un milieu à très faible teneur en oxygène, ce qui permet de l’utiliser pour identifier des tumeurs ou des cellules cancéreuses qui grossissent en milieu anaérobique.

Au menu de cette saison très chaude, je vous invite donc à découvrir le goût exquis de l’anguille japonaise servie en général comme met rafraichissant, mais ne vous étonner pas si dans le noir, vous découvrez un sushi fluorescent !

 

Référence:

Kumagai A1 et alA bilirubin -inducible fluorescent protein from eel muscleCell. 2013 Jun 20;153(7):1602-11.

English version of this article:link