Le monde d’aujourd’hui est tel qu’il créé en nous des addictions plus au moins bénignes comme l’addiction au shopping, à la télévision, au sport ou au sexe, mais également plus graves et plus malsaines encore, l’addiction aux jeux, à la nicotine, aux drogues ou à l’alcool. Cela dit, notre époque est aussi celle de la junk and fast food, ce qui donne malheureusement lieu à diverses maladies métaboliques, comme le diabète sucré ou l’obésité. Il n’est donc pas si surprenant d’apprendre que l’addiction la plus répandue de la nouvelle génération est la nourriture et, plus spécifiquement, le sucre. C’est aussi l’addiction qui est la moins connue dans le monde de la science. Essayons de comprendre de quelle manière on peut atteindre le nirvana en mangeant des bonbons.
Les scientifiques qui s’intéressent au phénomène de l’addiction définissent celle-ci comme étant une dépendance psychologique ou émotionnelle, ce qui sous-entend un problème mental ou cognitif, et non pas seulement une dépendance physique. Ainsi, la dépendance aux drogues d’abus par exemple se caractérise par des comportements incontrôlables et compulsifs qui ont lieu aux détriments des activités normales de l’individu dépendant et qui s’intensifient après répétitions successives.
Dans un laboratoire, la dépendance est principalement étudiée chez le rat, chez qui les scientifiques ont pu adapter des tests comportementaux et créer des modèles de dépendance au sucre. Récemment, des études effectuées en France et aux Etats-Unis ont montré que les animaux soumis à des doses élevée de sucre à répétition déclenchent une dépendance significative à celui-ci, telle que le font en générale les drogues d’abus traditionnelles telles que la nicotine, la cocaïne ou l’héroïne. Les scientifiques montrent qu’après avoir été exposés au sucre pendant plusieurs semaines, voire mois, les animaux addicts sont alors mis en face de deux choix possibles, le sucre ou la cocaïne. Les résultats sont surprenants : les rats préfèrent le sucre à une drogue dureDe plus, il a été montré que lorsqu’ils sont soumis au sevrage pour une certaine période de temps, les animaux sont nettement plus motivés pour travailler plus longtemps et plus dur afin d’avoir comme récompense la réintroduction du sucre dans leur alimentation. Enfin, dans le cas ou la récompense n’arrive pas, et lorsque, à la place du sucre, les scientifiques exposent de la cocaïne ou de l’eau dans leur alimentation, les rats préfèrent de loin la drogue et en deviennent dépendant plus rapidement encore.
Dans leurs études, les scientifiques ayant mené ces expériences expliquent que le développement de la dépendance au sucre a comme origine une modification de la fonction du cerveau. De manière importante, ils suggèrent que les circuits activés dans le cerveau par le sucre sont identiques à ceux stimulés lorsque les animaux sont dépendants à une drogue dure telle que la nicotine, la cocaïne ou la morphine. En effet, lors de la prise répétée de sucre, les rats présentent non seulement des changements neurochimiques, qui induisent l’hyperactivité des neurones à dopamine, considérée comme l’hormone du plaisir, mais ils développent également des changements comportementaux, qui induisent une tendance à prendre des drogues plus dures. L’exacerbation du réseau dopaminergique stimule la motivation chez le rat soumis au sucre, et après plusieurs prise successives, créé finalement l’addiction. Le sevrage, quant à lui, est une composante importante de l’addiction, puisqu’il se produit tout d’abord une adaptation au niveau élevé de dopamine dans le cerveau de l’animal, qui se traduit par le système de récompense, ainsi que le sentiment d’aimer et de vouloir avoir la substancePuis, après quelques semaines, les concentrations d’hormones baissent et ceci créé le sentiment d’anxiété, et de referment sur soi.
Peut-on appliquer ces résultats chez l’être humain? Est-il vrai que le sucre créé une plus grande dépendance que les drogues, et est-ce que cela voudrait dire le sucre est plus nocif que celles-ci? Même si beaucoup de questions subsistent, les scientifiques pensent que certains comportements observés chez le rat peuvent être retrouvés chez l’homme atteint de désordre alimentaire ou de boulimie.
Même si nous sommes sans cesse exposés à toute sorte de nourriture, surtout celle qui n’est pas saine, je vous conseille donc de tout consommer avec modération, mais n’oubliez pas parfois de vous faire plaisir avec un morceau de gâteau au chocolat, qui est, pour sur, un bon remède contre la dépression.
A la prochaine !
Sanda L
Réference:
Madsen HB1, Ahmed SH. Drug versus sweet reward: greater attraction to and preference for sweet versus drug cues Addict Biol. 2015 20 (3) : 433-44.